• 09*1915-Juin : Environ de Luneville: Jolivet, Paroy, Vého, Leintrey

    2 juin Mercredi. Marche forêt de Mondon, retour par Lunéville. Musique, tambours et clairons. Toute la ville sur notre passage, élèves des écoles tête nue; beaucoup de personnes pleurent.

    Longé dans faubourg, usines de Dietrich – obus - avant 3000 ouvriers.

    Soir Combat d'avions au-dessus de nous. Un biplan alld reçoit des obus vers Dombasle. Deux Morane le prennent en chasse, l'un le domine, le rejoint, lui tire une dizaine de coups de carabine et le reconduit au delà de la frontière. Lunéville a maintenant des Farman et des Voisin. Le chef d'escadrille a été fait prisonnier l'autre jour à Ludwigshafen (bombardement par 18 avions de Nancy, Épinal et Lunéville)

    Reçu avis de la poste que mon télégramme à Varsovie n'a pu être remis: destinataire inconnu. J'écris à William pour conseil.

     

    3 juin jeudi. 6h matin - 1 Aviatik vient sur Lunéville; il est poursuivi par 1 de nos biplans à la mitrailleuse. Il revient à 9h, lance 2 bombes dont l'une sur la caserne Stainville, tue 12 hommes et blesse une dizaine du 60è territorial. Il est poursuivi à coups de mitrailleur par biplan, moins rapide que lui.

     

    4 juin. Longues lettres de Marie, 10 pages en français et des enfants 2 pages - Elle a reçu à la fois 13 cartes et lettres de moi.

    On fabrique des fanions de Compagnie; le Capitaine me demande ma devise ; E capoë 1.  (1 E Capoë « Et Quand même ! » devise de la ville de Rumilly .Vers 1630 guerre Duché de Savoie vs France

     

    5 juin samedi. Ma Cie va au tir à Vitrimont.

    Przemyl est pris le … juin 2 (2 Ville de Pologne – fin du siège mars 1915) . Des munitions, des munitions ! Cri de la France et de l'Angleterre.

     

    6 juin dimanche . Je vais au bain le matin, à la Vezouze. Lettre de William.

    Mme Feltin la blanchisseuse vient à déjeuner nous chanter 3 chansons. De 6 à 7h, concert par la musique du 230.

    On répand le bruit que les Allds ont lancé des proclamations par avions : « Évacuez Lunéville et Nancy que nous allons bombarder»

    Le soir un biplan français, plane presque immobile, vers Nancy; reflet du soleil couchant le fait rassembler à une lune plus brillante et plus petite que l'autre.

     

    11 juin. Avion alld le matin. Tout le bataillon à faire des piquets, forêt de Mondon. Je reste.

    Lettre d'Ernest, mort de la Tante 3(3Certainement Françoise Duchêne (7/06/1915) Sœur du père de Joseph) . Lettre de Marie. De William, que Marie ne parte pas.

    Le soir 18è et 20è partent à Marainviller, travail de nuit.

     

    12 juin Samedi. Réveillé le matin par la sentinelle qui crie: 1 avion boche - 2.3...7! Un biplan français les mitraille puis, un peu tard, les artilleurs tirent. Grosses bombes sur la ville, 7. Petites bombes, nombreuses. L'un d'eux lance une fusée ou bombe incendiaire sur notre avion, qui n'est pas touché. Résultat du bombardement; une palissade crevée. Une brume assez dense couvrait le sol jusqu'à faible hauteur.

     

    14 juin. Départ À 3h pour ferme Beaulieu en renfort en cas d'attaque. Nos avant-postes ayant progressé sur Emberménil, et pas encore organisés. Rentré à 3h à Jolivet. 15 de nos avions en vue (et vont sur Karlsruhe).

    - Reçu carte de M. Myslawski.

     

    15 juin. Départ 4h1/2 pour ferme Beaulieu. 10*1915-Juin : Environ de Luneville: Jolivet, Paroy, Vého, Leintrey

    Causons avec Cap. Roubertie sur caricatures « Rires » etc.

    Journée calme, comme la veille ; rentrée à 3h.

    Le soir 4 avions allds violemment canonnés vers Nancy.

     

     

     

    10*1915-Juin : Environ de Luneville: Jolivet, Paroy, Vého, Leintrey photo prétée S.Bachamois

     

    16 juin. Départ à 3h de Jolivet. Le bataillon se rend à Marainviller par Chanteheux, Croixmare - cantonnement d'alerte.

    À 6h soir, 2 Cies(23è et 22è) partent par les bois de Parroy pour faire des travaux à Emberménil, nouvelles positions.

    Les 2 autres à 7h partent pour Laneuveville, sans sac, renfort en cas d'attaque. Nous y arrivons à 8h20, installation de la liaison à l'école.

    Le Colonel commandant la 147è Brigade est là ; camions, génie, 50è chasseurs. Marcel Viel me cherche. Je le cherche aussi. Vaincu par le sommeil, je m'allonge sur la paille et n'entends ni la fusillade, ni le canon, vers 11h1/2 - 3 chasseurs blessés . On a retrouvé les cadavres de 2 disparus de la 18è Cie. Tués par obus. À 2h départ de Laneuveville pour Marainviller.

     

    17 juin. Dormi de 5h à 9h1/2 sur le foin. Chaleur. Reçu carte de William et lettre de Mme Bouvier. Mêmes ordres que pour hier.

     

    18 juin. Marainviller La Neuveville. Les Allds ont surpris un poste de 50è chasseurs. Nous contre-attaquons sur les positions en avant des tranchées. Viel est pris  4. Nous passons la nuit avec le Ct au Poste de Ct en avant du village. 2 Cies en réserve, 22 en avant.

     

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    [4Marcel - Marcellin Viel = Viel (1885- 1952) n’apparait pas dans la liste des disparus du 50 è BCP , mais il est bien fait prisonnier et envoyé en Allemagne à Ingolstadt. Rapatrié le 15 décembre 1918.Il faisait partie des hommes du 10 ème BCP qui ont constitué le 50 è BCP en août 1914.  La femme de Marcel Viel est une cousine de William Voizin, le beau-frère de Joseph. ]

     

    09*1915-Juin : Environ de Luneville: Jolivet, Paroy, Vého, Leintrey 09*1915-Juin : Environ de Luneville: Jolivet, Paroy, Vého, Leintrey

     

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    Départ de Marainviller pour Vého.

    10*1915-Juin : Environ de Luneville: Jolivet, Paroy, Vého, Leintrey 19 juin. Je suis détaché de liaison auprès du Commandant Cour du 71è chasseur. Nous allons prendre position dans le ruisseau. Les éclats d'obus de 190 nous arrivent dessus ; j'en reçois deux fois.

    Juillard de la 23è est blessé à côté de nous; le lieutenant et mon voisin sont touchés. Nous nous reportons en arrière après exécution d'un chien par le Commandant.

    Nous passons la nuit dans le fossé au bord de la route.

    Toute la nuit, le 150 tire près de nous.

    De temps en temps nos 75 tirent sur la lisière du Haut du Corbe et la ferme de Laval.

     

    20 juin dimanche. Après avoir déjeuné d'un bon chocolat au lait, j'ai dormi de 4h1/2 à 10h1/2. Reçu 0 lettres. 

    Départ par alerte à 6h 15 . Toute la matinée, violente canonnade vers le secteur de la 71è Division. Je monte à bicyclette au Ct G. mon sac reste à la voiture de Cie. Aujourd'hui les hommes ont le sac.

    Nous prenons la route qui traverse le chemin de fer, à la gare ; à la sortie du village, rencontre du Général Humbert, Commandant l'Armée de Lorraine, qui arrête son auto pour dire à la 21è compagnie: « cette nuit et à l'instant on vient de faire du bon travail; si vous devez marcher à la baïonnette, j'espère que vous mettrez tout votre cœur à l'ouvrage »

    Nous suivons la voie du tramway, ayant à gauche la croupe du fort de Manonviller, le village du même nom, traversons Thiébauménil, et nous débouchons à gauche à Benaménil, tout ce temps, le canon tonne; les éclatements d'obus fusants sont visibles sur une croupe à gauche.

    Sur la route, les autos sanitaires passent à grande allure, pleines de blessés (surtout à la tête); munitions d'artillerie; avions; l'un survole la route, en rasant les arbres. Cavalerie (chasseurs à cheval) nous dépassent, dans la brume du soir et la poussière, près du village de Domjevin où nous quittons la route pour gagner la cote 303 – un bois- Nous passons la nuit dans le pré et entrons sous bois vers 1h1/2 . Fusillade par instants, assez rare - Le canon tire, d'abords les Allemands, puis les nôtres. Le 190 ou 210 alld cherche une batterie qui est devant nous en contrebas.

    Nous dormons assez bien. Vers 3h café - comme j'avais mal à la tête, je n'ai pris qu'un verre de café en guise de dîner. Dormi de nouveau dans le fossé profond qui borde les bois.

     

    10*1915-Juin : Environ de Luneville: Jolivet, Paroy, Vého, Leintrey

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    (extrait JMO - Source Service Historique de la défense)

    http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/e00527ac293796d7/527ac29545a39

     

    21 juin. Je boucle aujourd'hui le 365è jour de mon départ 5.  (5 Professeur en Russie il faisait un voyage d’études en Asie Centrale juste avant d’être mobilisé)

    Il fait frais; le soleil est long à venir nous réchauffer. Je mange un morceau de pain avec de la viande que l'on a apportée.

    On apporte la soupe à 10h ! les cuisines roulantes sont à Domjevin - soupe excellente, bonne viande, 1 quart de vin, café eau de vie.

    10*1915-Juin : Environ de Luneville: Jolivet, Paroy, Vého, Leintrey Le cap. Fontanel nous apporte des nouvelles du 5è bataillon : Ils ont contre-attaqué hier soir vers 4h, sur une contre-attaque allemande des hauteurs au delà du ruisseau de Leintrey .

    Le capitaine Humbert (Edmond) de la 17è Cie est tué ; les lieutenants, Recordon grièvement blessé, Carillat et Vittet (19è) légèrement - Blanchard ; sergent, ingénieur de l’école des Mines est tué.

    En tout 15 ou 20 morts, une trentaine de blessés ou disparus 6.(JMO: Combat de Reillon 20 juin: 21 tués, 96 blessés, 7 disparus)

    Le soir, vers 4h, le colonel et un officier de cavalerie avec un pli pour attaque ce soir avec notre bataillon 23è et 22è en avant : Prendre tranchées entre Rémabois - Leintrey et les cotes que nous avons conquises hier – nous serons appuyées par cavalerie et 2è chasseurs. Les cuisiniers d'escouades vont chercher la soupe aux cuisines, à Domjevin - Elle arrive à 7h1/2 .

    Ironie j'ai reçu une seule lettre, envoi de Suzanne « Le Poil civil » .

    Nous partons vers 8h 1/2 à travers prés et champs. Je conduis la bicyclette du Commandant - avec peine. Nous marchons vite, les hommes sans sac. Nous passons Vého en ruines, puis la position 10, puis les derniers postes - couchés à plat-ventre dans la prairie - terrible préparation par toute notre artillerie, nous avons marché sous une voûte d'obus. Toutes les crêtes en arrière sont illuminées par les départs des 75 - Pas de réponses des Allemands.

    Tout à coup, un village en avant prend feu ;

    Nos Cies sonnent la charge - les balles nous sifflent sur la tête, fusées éclairantes - Nos canons tirent encore, mais maintenant les obus éclatent en arrière.

    Bientôt la 21è amène 3 prisonniers. Je leur demande de quel régiment, combien il y a de monde dans les tranchées et dans le village : 4e Lander -1 compagnie aux tranchées, 1 dans le village - sont les réponses – Kamerad, pas capout –

    l'incendie éclaire l'horizon, des fusées éclairantes- 1 prisonnier amené par 23è, puis 2 par 21è (Ravanel)- Pierret Tué.

    Les balles sifflent dans l'herbe et sur nos têtes. Leintrey brûle avec grande lueur, fusée éclairante. Vers la droite, les chasseurs cyclistes n'ont pas débouché au-delà du ravin, on dit qu'il y avait des mitrailleuses devant eux 7.(7 21 juin 17 morts 52 blessés 1 disparu-JMO)

    [lieutenant Cattin - Sergents Roupioz, Girard, Roch, Caporal Fonlupt, Gras, Cartier, Camus. Vuarchex-Martignène] 8  (8 Série de noms entre crochets au milieu d’une phrase à laquelle ils ne semblent pas être rattachés. Ils correspondent aux blessés dont il reparle ensuite vers le 25.)

    Le commandant se porte en arrière sur la ligne de résistance principale, au point d'appui n°10, où se trouve le colonel. On envoie des munitions ; on donne l'ordre d'installer le téléphone - mais les téléphonistes sont arrêtés ainsi que les munitions par barrage d'artillerie sur les crêtes en avant de notre position.

     

    ( 21-22 juin Combat Leintrey.)

    (Vergers de Vého, p.a.10). Ordre aux 2 Cies d'attaque de se replier sur p.a.10 ; les 21è et 24è prendront leur place.

    À gauche, ils ont les tranchées allemandes retournées; à droite, ils creusent en toute hâte, sous fusillade. Les Allemands contre-attaquent et barrent la route en arrière; nos 75 tirent avec rage (on dit qu'une pièce a éclaté). Leintrey brûle. Ma Cie et la 22è s'installent dans les abris du p.a.10 – On compte les absents. Cattin, adjudant a reçu une balle renversée qui lui a enlevé une partie de la jambe, sergent Roupioz, dans le ventre, sergent Gérard 1 balle dans la cuisse etc. C'est la 4e section qui est tombée sur un blockhaus ignoré, qui a souffert.

    Toute la journée, les Allemands bombardent les tranchées, avec de gros obus (105 ou 190). Le petit Gallet, le télégraphiste, à la voix criarde à qui je donnais des pastilles à Bathelémont, a réussi à installer le téléphone; 3 de ses camarades blessés en route par les obus de barrages. Tir sur blockhaus par 155.

    Combat d'avions ; 5français . 2 allemands

     

    23 juin Combat Vého Leintrey

    Le 22 au soir – ordre est donné aux chasseurs cyclistes d'attaquer le blockhaus, qui est soi disant démoli par les obus. Ma Cie est soutien, sur place de ce mouvement. Au moment où les chasseurs arrivent aux fils de fer, une contre-attaque allemande se déclanche sur toute la ligne du Rémabois. - Leintrey cote. Toute la nuit se passe en combats, où les Allemands avancent à la baïonnette, à quelques mètres de nos tranchées.

    Nous avons envoyé 32 000 cartouches et, vers le matin, elles s'épuisent. Un peloton 22è va renforcer et prolonger 21è vers la gauche, un peloton de la 22è doit se porter à droite de la 24è ; je porte l'ordre sous les obus, mais le 333 arrive. Une Cie du 333 remplace le 1er peloton de ma Cie; Bornand va les conduire à travers le barrage d'artillerie.

    Téléphone souvent coupé – On s'efforce de régler tir d'artillerie qui tire long et ne veut pas raccourcir d’après les renseignements fournis par nos observateurs (Lt Favre, Cap Berrani) Beaucoup d'Allemands tombent devant nos tranchées. La 333 va relever.

    Malgré barrages d'artillerie et fusillade, la relève se fait.

    Je vais porter ordre à ma Cie de repartir vivement par Vého, au bois de la cote 309 d'où nous étions venus - je me porte à ma Cie - obus - puis reviens au poste de Commandement et repars à bicyclette vers Vého; 3 obus de 190 derrière moi, les balles sifflent partout. Les 21è et 24è (relevées) arrivent.

     

    23 juin. Au camp de Bois

    Nous arrivons au bois, comme il a plu, la bicyclette du Ct est pleine de boue - j'ai passé avec à travers champs - dans un marais, dans les luzernes et les hautes herbes - On s'installe - Pluie torrentielle - on tend des toiles de tentes - tout est mouillé - soleil, on se sèche -nouvelle averse - soleil-

    Le Gal Humbert vient nous voir et remettre la médaille militaire au Sergent Berrut. Je mets à la hâte mes molletières mouillées. Il est d'autant plus fier de nous voir, qu'il a été chef de bataillon au 30è et général de la brigade. Le 230è est en train de se faire connaître comme un des 1er régiments de France.

    Dans la nuit, nouvelles contre-attaques allemandes; nous enlevons le reste de la ligne (333è et cyclistes).

    Cattin est mort - On me dit que Roupioz aussi.

    24 juin jeudi. Le capitaine me propose d'être nommé sous-lieutenant. Lugrin adjudant. Nous passons 1 journée calme, avec averses dans le camp du bois. Le Gal Bigot vient nous féliciter - Photos. Dans la nuit, canonnade - la contre-attaque ennemie est arrêtée par le feu de l'artillerie

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    (Descriptif Combat et état des pertes . Journal de Marche des Opérations)

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    Au camp de Bois sous la tente. Vého

    25 juin vendredi. Assez beau, avec légères averses - Lettre de William au sujet de Viel, prisonnier 9.J'ai écrit 3 cartes ; à William, à Philomène ; au Capitaine de la 7è Cie 50è chasseurs. Je suis allé, le matin, après avoir dormi jusqu'à 10h, me laver et me changer au village qui est à 1 kilomètre du bois (Domjevin). Calme jusqu'au soir; quelques obus allemands viennent comme tous les jours, chercher les batteries autour de nous.

    Vers 9h du soir, violente canonnade de toutes nos pièces sur Leintrey et le Rémabois. Explosions d'obus fusants dans le ciel sur les hauteurs – Après cela tout se calme.

    Dans la nuit, tir rapide, d'une batterie de 4 pièces alldes de 105 ou 150, qui fouille autour de nous

    Samedi 26 Café - écrit ces notes de 5 à 6h et retourne me coucher car le temps couvert est assez frais. Sous notre tente, avec du foin, de la paille, nos couvertures, nous sommes bien.

    La 24è compagnie a perdu environ : 8 morts, 15 blessés.

    La 23è compagnie a perdu environ : 6 morts, 13 blessés .

    La 21è compagnie a perdu environ : 3 morts, 10 blessés.

    La 22è compagnie a perdu environ : 0 morts,10 blessés.

     

    Voici les noms pour la 23è Cie : Lieutenant Cattin, mort à Lunéville le lendemain, d'une balle explosive dans la jambe (hémorragie). Roupioz mort le lendemain matin, balle explosive au ventre. Cartier ordonnance du Cap ; mort. Vailly, Montmasson, Quoëx, Pochat-Baron,

    Blessés : Sergent Girard, Caporal Fonlupt, Martignène, Roch, Camus, Gros, Dupont, Viricel, Burnod, Vuarchex, Pollet-Villard, Cusin (balle au-dessus du genou, resté 48h dans un trou d'obus devant le blockhaus allemand, d'où le cap. Béaud et Chatelard sont revenus après 24h)

    26 juin. Rien de particulier. Le soir nous devons partir pour une attaque puis contre-attaque. C'est remis.

    Reçu lettre Suzanne (Viel). Les journaux annoncent prise de Lunberg par Allemands.

     

    27 juin dimanche. Beau temps -

    On rapporte les morts à Vého; Vailly, Cartier, Montmasson et Pochat-Baron. Avec les 3 blessés décédés, cela fait 7 morts pour la Cie. Lugrin et Dumont sont nommés adjudants. Lathuile Sergent Fourrier, Bornand cap.four. Nous devons quitter le camp ce soir, pour le point d'appui 10 (Vergers de Vého).

    Pas de lettres. Les journaux ne sont pas arrivés à Domjevin.

    Nous faisons un bridge : Wolf, Perret, aspirant Luizet, Geflon et moi. Une légère averse, canonnade intense par toutes nos pièces pendant le bridge - Lu un article de R. Rolland dans le journal de Genève du 14 juin : Le meurtre des Élites. ( À relire)

    Voir article de Claude Anet dans Petit Parisien du 21 juin ; une visite sur le front russe, prise d'Opatow.

     

    On parle d'une attaque à faire par le 230 demain soir. Le 333 est reparti en arrière à Croixmare. Le 50è chasseur également.

    Je compare notre camp dans le bois - avec inaction complète, défense de sortir - à un parc à mouton près d'un abattoir.

    On lève le camp à 8h 1/2 - On emporte les sacs derrière la crête en arrière de Vého, sous la ligne de tir des batteries lourdes à tir rapide, qui tirent juste en ce moment. On descend à travers champs, en coupant les fils de fer, sur Vého : 2 Cies (21 et 24) restent dans le village avec T.C. et cuisines; les 22è et 23è vont aux abris du p.a.10. Le Commandant et la liaison s'installent dans une petite maison à 200 m de l'église de Vého sur la route de Reillon. Je lis le journal à la lanterne et je m'endors, réveillé plusieurs fois pas tir d'une batterie de 75 toute proche qui ébranle la maison. Nuit calme, sans fusillade.

     

     

    [ CATTIN http://www.archives.hautesavoie.fr/?id=viewer&doc=accounts%2Fmnesys_cg74%2Fdatas%2Fir%2FArchives_anciennes%2Fcadastres%2F1R%2FFRAD074_BDD_000000001%2Exml&page_ref=2206938&lot_num=&img_num=1&index_in_visu=

    médaille militaire  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63861789/f73.item] 

    Vého – P.A.10 – Combat du 28 juin

     

    28 juin Réveillé à 8h 1/2; nous partons avec le Ct pour le P.A.10 où nous rassemblons les officiers. Ce soir le 234 attaquerait le Rémabois, le 230è, 2 ouvrages à l'est devant Leintrey. Déjeuner aux cuisines roulantes dans le village de Vého; Retour au poste de commandement, on distribue les cartouches, des grenades de toutes formes, des bandes de calicot pour écharpes.

    Le 155 court est installé près de nous, dans le creux derrière la source, commence son tir sur le blockhaus que les 22è et 23è doivent attaquer à 10h. Départ du P.A.10 à 8h45; il pleut un peu .

    - Génie, travailleurs, autos etc.-

    Nous allons nous installer dans un ruisseau affluant de Leintrey, à 4 ou 500m de la route, dans des trous ; on installe téléphone. Le 155 continue son tir lent - les 75 commencent et nous tirent presque dessus ; bientôt les 150 allds, 6 pièces nous couvrent d'obus dans le ruisseau - les 22è et 23è sont déjà parties à l'attaque - terribles salves de 150 et 77, avec 109 - nous sautons en l'air.

     

    Le Ct m'envoie aux nouvelles vers le blockhaus. Je ne peux partir de suite à cause des rafales - je gagne un trou voisin - puis les crêtes à gauche puis tranchées 6 - En arrière, la 24è Cie est arrosée par 190 - J'entends crier Fontborne que Favre est blessé - Je me heurte à ma compagnie qui rentre en rampant. Elle a manqué le blockhaus. Le Ct décide de rentrer. (Pas de téléphone ni chez nous, ni à la tranchée 6). - La 21è Cie restera pour creuser des tranchées en travers du Leintrey –

    Je vais chercher Bersani.

     

    29 - Lugrin et Thomas tués ! 4 morts et 7 ou 8 blessés à ma Cie. Des pertes assez sérieuses à la 22è et 24è - Rentrée lugubre - Les Allds ne tirent pas - Arrivée au P.A.10 vers 12h1/2. Laplace me donne les objets qu'il a pu prendre sur Lugrin. Je me couche avec Vittet, dans un abri et nous dormons de 4h à 10h -[ Adjudant LUGRIN Noël Alphonse  voir fiche Mémoires des hommes ] 

    [ Sergent THOMAS Henri Ernest voir fiche Mémoires des Hommes ]

    Soupe au village de Vého ; je mange des cerises et des groseilles dans les jardins. Je retrouve Deffayet (9è Cie du 37è) - je me lave change de chaussettes et remonte au P.A.10 .

    Départ pour le village nègre à 2h1/2. Je pars à bicyclette avec Quétand par la route d’Emberménil, et nous remontons à gauche par les boyaux - tranchées. - Village nègre - maisons démontables dans le bois de bouleaux - 37 è territorial. Nous retrouvons les Cies qui arrivent. Les Allemands envoient une vingtaine d'obus de 155 (français) sur Domjevin - Incendies - Maisons qui sautent, on s'installe - Nous montons la tente - soupe assez tard - je me couche dans la maison de bois de ma Cie, à côté de Bornand et de Larue. Dans la nuit, pluie violente ; le matin aussi.

    30/ Café à 5h. Au lit ; je dors jusqu'à 9h. Soupe à 10h1/2. On va partir pour le village de Manonviller – causerie sur la guerre avec cap. Roubertie (qui offre bonbons) et lieut. Gebs.

    Départ à bicyclette à 3h 1/2 par Bonne-fontaine, où sont les cuisines roulantes, puis vers Domjevin, tout seul.

    Route de Manonviller. Je vois deux femmes, depuis 12 jours, je n'en avais pas vu. Arrivée au Village - Donzier me montre le cantonnement de ma Cie; Installation - Le soir après la soupe, je lis mes lettres au bureau de la Cie et j'écris des cartes et ces notes - en compagnie de Dumont - couché sur la paille, dans une maison abandonnée près de l'Église.

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    http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/e00527ac293796d7/527ac2955a6f9

    JMO  du 20 au 28 juin =  65 tués, 250 blessés,  une trentaine de disparus .

    Génie 13/14 JMO  http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/e00527c1179a5b34/527c1179c9bf2

     

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