• On nous communique un résumé des opérations de la Division :  09*1915 Mai

    Au Q.Gal le 9 mai 1915 - Résumé des opérations de la 74e Don

    Mobilisation - Tous les éléments de la 74e division sont mobilisés dans la 14e région à l’exception des 223 et 333 qui viennent de la 7e région.

    Concentration - 2 au 18 août 1914 -Zone Aix-les-Bains, Chambéry, Montmélian, St-Pierre-d’Albigny. Elle fait partie Armée des Alpes. 

     

    19-23 - Transport par voie ferrée sur Th.op.N.Est ( Théâtre des opérations Nord-Est)

    La division débarque à Charmes et Bayon.

    À partir du 21 août, la Don est rattachée à la 2è Armée; les premiers éléments débarqués reçoivent l’ordre d’organiser le terrain entre Moselle et Meurthe pour couvrir les ponts de Charmes et de Bayon, menacés par l’offensive allde qui entre à Lunéville le 22 août. Deux groupements sont formés au fur et à mesure des débarquements: au Nord Gal Dursopt, 3 régiments et 1 batterie en avant de Bayon sur le front Château Belchamp - ferme Leurmont; Au Sud, Col. Terris, 3 régiments, 2 batteries en avant de Bainville-aux-Miroirs et Charmes

    Dans les journées, du 22 et 23 août les troupes organisent leurs positions pendant que les 15e et 16e corps se reforment dans la région de Bayon. À partir du 24, la Divon est rattachée au 15e corps.

    Reprise de l’offensive de la 2e Armée

    1°/25 et 26 août L’ennemi est refoulé au-delà de la Mortagne - après avoir subi un violent bombardement le 24 août, le groupt N (gal Durupt) attaque sur le bois de Vacquenat-Einveaux, puis sur Lamath-Xermanénil, dans les journées du 25 et 26 août, en liaison avec des éléments des 15e et 16e corps.

    Le groupement sud (Terris) après s’être installé sur le plateau de Borville le 24 à l’aile droite du 16e corps, attaque les 25 et 26 sur Rozelieures puis sur Remenoville en liaison avec fraction 16e corps et corps cavalerie Conneau.

    Ces attaques sont menées avec la plus grande énergie ; elles réussissent à refouler au-delà de la Mortagne, les Allds (fractions du 3e corps Bavarois et 21e corps actifs) en leur infligeant des pertes considérables. La Division subit également de lourdes pertes surtout en officiers.

    Attaque sur Gerbéviller et sur la rive nord de la Mortagne dans la direction générale de Fraimbois (28 août -2 sept.)

    Le 27 août, la Divon entière se reconstitue dans la zone Vermegey Rozelieures - Remenoville (Q.G.) où se trouvait déjà le groupt sud.

    Du 28 août au 2 sept, la Divon attaque l’ennemi retranché au-delà de la Mortagne, au Nord de Gerbéviller, elle prend pied sur la rive nord de la rivière et s’y maintient sous un feu violent d’artillerie lourde à petite distance de l’ennemi retranché à la lisière du bois du Haut de la Paxe.

    À droite de la 74e Divon, la 1ère armée ne peut déboucher au-delà de la Mortagne vers Moyen; à gauche, le 16e corps attaque en liaison avec la Divon.

    Dans les journées du 28 août (attaque de Gerbéviller) et du 30 août (attaque au point du jour sur le bois du Haut de la Paxe et clairière de Fraimbois), la Divon enlève la 1ère ligne de tranchées alldes, mais violemment contre-attaquée, elle ne peut s’y maintenir et est ramenée sur le bord du plateau; sur la rive N de la Mortagne où elle se retranche assurant le débouché des attaques ultérieures au-delà de la rivière.

    Dans la nuit du 2 au 3 septembre, la Divisison vient dans la région d’Einvaux ; elle relève dans la soirée du 3, le 15e corps enlevé du front.

    3/°Attaque au-delà de la Mortagne dans la direction de Lunéville-

    Du 4 au 11 sept, la Division est en face de Lunéville, elle tient les passages de la Mortagne à Mont et Lamath et pendant cette période tout en continuant à se fortifier sur ses emplacements de combat, à cheval sur la Mortagne, elle attaque chaque jour, gagnant du terrain petit à petit. De violents combats sont livrés à la lisière Nord du bois St-Mansuy et à Rehainviller qui est pris et repris plusieurs fois. À notre droite, le 16e corps continue à progresser sur la rive N de la Mortagne ; à notre gauche, le 20e corps, au Nord de la Forêt de Vitrimont, arrête l’offensive allemande.

    Le 11 sept, nos premières Tranchées sont à quelques centaines de mètres des lignes alldes dans le ravin du Laxat, à 2 Km environ au sud de Lunéville.

    4°/ Retraite des Allds, le 12 sept, la Don entre à Lunéville, que les allds ont évacué pendant la nuit du 11 au 12 et pousse ses avant-gardes sur le plateau au N de Lunéville.

    Pendant la période du 24 août au 11 sept, la Divon a perdu : 140 Officiers et 5000 hommes, soit le tiers de l’effectif.

    5°/ Période du 13 au 24 septembre. La Don commence l’organisation du terrain pour couvrir Lunéville et Nancy et étend son front à la suite du départ du 16e corps et la 70e Don

    À partir du 13 sept, la Div s’installe sur les hauteurs entre le Sanon et la Vezouze avec des A. P. dans la forêt de Parroy ; elle organise les hauteurs Est de Crion et 305 sud de Sionviller.

    Le 17 sept, à la suite du départ du 16e corps, son front s’étend au sud jusqu’à la Meurthe, vers Moncel. Le 24 sept, une de ses brigades relève la 70e Don, au nord du Sanon ; à cette date la 74e Don est rattachée au 2e G.D.(Groupe de division).

    6°/ A partir du 24 sept Organisation de lignes de résistances successives sur le front de la Divon. Progression de nos lignes avancées. Période de reconnaissance offensive.

    Après le 24 sept, la Divon a un front de plus de 25 Km à défendre ; elle organise une ligne principale de résistance et pousse ses A.P. vers l’est, occupant successivement la croupe 327 Hénaménil, la croupe 283, Arracourt, la Digue de Parroy, Bures, Laneuveville.

    Dans le courant des mois de mars et d’avril, la ligne de défense est avancée dans la forêt de Parroy et en avant de Laneuveville.

    En même temps, les différentes lignes de résistance sont renforcées et nous conduisent à l’organisation actuelle.

    -/ Reconnaissances offensives - depuis le 13 sept, la 74e Don a une mission défensive. Néanmoins pendant les huit derniers mois, les troupes ont exécuté un grand nombre de reconnaissances offensives qui ont obtenu souvent des résultats importants et ont causé des pertes sérieuses à l'ennemi.

    Les Bat. de chasseurs. de Marainviller et de la Forêt de Parroy (23e et 27e) jusqu'au 9 octobre, (puis 43e, 51e et 71e) ont pris part, presque chaque jour, à des opérations qui ont empêché longtemps les Allds de s'établir dans la forêt de Parroy - en harcelant ses A.P et en lui faisant des prisonniers.

    Des opérations plus importantes ont eu lieu ;

    -Le 6 oct. Reconnaissance du bataillon du 230 sur Réchicourt.

    -Le 26 oct la 147e brigade et des fractions du bataillon de Chasseurs servant de soutien, à la 2e Dion de Cavalerie, dépassant la crête frontière et ramenant 15 prisonniers.

    -Le 10 nov reconnaissance du 222e sur Coincourt.

    - Le 22 nov, 2 bataillons (333 et 230) servent de soutien à la 2e D.C. dans une opération tentée sur Juvrecourt.

    -Le 12 janvier, destruction de la voie ferrée à l'Est d'Emberménil (station).

    -26 mars, avance dans la forêt de Parroy. Les tentatives que l'ennemi a tentées pour percer nos lignes ont échoué.

    -Le 9 octobre, sur Arracourt et Marainviller.

    -le 5 nov, sur 327, l’ennemi est repoussé avec pertes sérieuses.

    -16 décembre à la digue de Parroy.

    -10 février Forêt de Parroy .

    -31 mars au bois Legrand, les deux régiments de la 147e brigade (36e colonial et 222e) qui ont enlevé le signal de Xon et le village de Norroy le 18 février, ont montré que les troupes de la Don n'avaient rien perdu de leur valeur offensive pendant toute cette période.

     

    Les pertes de la Division depuis le 13 septembre 1914 jusqu'au 9 mai 1915 s'élèvent à :

    Tués                    :  11 officiers et   660 hommes

    Hors de combat : 140 officiers et 5000  hommes

    Total                 :   151 officiers et 5600  hommes

     

     

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    1er Mai 3h1/2 matin. Temps radieux ;

    Les sacs de tout le bataillon ont été chargés sur une péniche pour Maixe. Ma Cie part le long du canal vers 4h; je bois du café à la popote de la 22è (chez Henry); je boucle mon sac et le mets avec les bagages de l’E.M. Vittet est parti en avant au T.C. Je pars avec les fourriers jusqu'à Einville. Puis je prends place dans le fourgon de l'E.M (chevaux américains) conduit par un Rumillien, le fils Cornoz, jusqu'à Maixe. Il est 6h 1/2 ma Cie est au bord du canal.

    J'achète 3 œufs à une jeune fille qui passe et vais déjeuner de mes 3 œufs et d'une tasse de Café. 11h Déjeuner ; omelette, mouton rôti, nouilles au jus, fromage café. J'offre des cigares .

    Rapport - Dormi 2h. (Le matin le colonel commandant la brigade est venu demander le Ct Girardin) L'instituteur me refuse le local où couchaient les fourriers du 222.

    Lettre de Chabert. Jolie pluie fine d'avril.

    Bombardement de Dunkerque!! Avances aux Dardanelles.

    Le 5è bataillon est à Raville, l'État-Major à Einville.

    2 Mai dimanche, temps calme.

    3 mai, lundi. Maixe et les Cinq Tranchées (Forêt de Parroy)

    Averse, orage. Lettre du Sénateur Milan : «L'accord avec l'Italie a été signé le 25 avril à Londres à 8h du soir. Elle s'engage à marcher avant un mois» Les journaux ont reçu l'ordre de se taire. Reçu carte Debolsky et livre de M. E Denis «la guerre».

    4 mai, mardi. Orage grêle, hirondelle tuée.

    Départ dans la nuit pour la forêt de Parroy. (Altercation avec Cap. Chavanel du convoi). Départ minuit - la pluie a cessé. J'ai mis mon sac à la voiture. Nous arrivons par un temps lourd à 4h1/2 du matin, au blockhaus des 5 Tranchées. La forêt est d'un vert tendre. Le rossignol puis le coucou chantent. Je reprends ma place, ma couchette au blockhaus. Le soir orage, pluie; on entend ni canon, ni fusils. Toute ma Cie est dans le bois, à droite de la route en arrivant, sous la verdure. Tables, abris, chemins. Je dors de 7h à 10h. Temps lourd - Déjeuner: maquereaux, thon; etc. Dîner Maquereaux asperges, saucisson, bouilli poisson en sauce, rôti, nouilles fromage, café cigares. Nuit tranquille. Pluie.

     

    5 mai. Lever à 8h. pluie puis vers midi, soleil lourd. Quelques coups de canon dans la matinée, surtout vers Emberménil.

    La Maison brûlée, où nous allons dimanche, est bombardée de temps à autre. Autour des 5 Tranchées, énormes trous de gros obus allemands (210 probablement) qui ont tué quelques hommes et 5 chevaux, quand nous étions à Bauzemont.

     

    6 mai, jeudi. La compagnie, dans le bois à droite de la route, fait des abris de bombardement et des chemins de rondins.
    Les autos-camions charrient des rails Decauville, du fil de fer, du grillage à lapins, du papier goudronné, etc. Les 23
    è et 24è font des reconnaissances le matin en avant des lignes. Le lieutenant Favre (St-Cyrien) en fait une. Je cause avec lui de St Cyr, où on lui disait que l'artillerie lourde n'était qu'un bagage encombrant. Un ballon captif allemand se montre à gauche à 15 Kilomètres environ au-delà de Réchicourt.

     

    7 mai. Le Ct Imbert, à la Maison Brûlée a eu un obus sur la baraque. Il était à qq. mètres en arrière. Le plancher démoli ; sa capote et celle d'Arminjon, perdues dans la baraque, sont criblées de trous.

    Lieutenant Déplante m'apporte des cigares et me photographie devant le blockhaus, à l'intérieur et à l'extérieur.

    8 mai. Samedi. Pris photos avec l'appareil de Dumont. Le convoi des autos sur la route des Cinq-Tranchées.

     

    À la Maison Brûlée – du 9 mai au 13 mai (1915)

    Dimanche matin, 9mai - Lever vers 3h; les chasseurs du 43è arrivent. Les Cies sont déjà parties. Vers 4h1/2 nous partons jusqu'à la Maison Brûlée (2km en tout). Nous quittons avec regret notre blockhaus des 5 Tranchées. Ici nous avons un abri souterrain; la Maison Brûlée a été démolie, ses ruines couvertes de branches de sapins. Nous faisons aussitôt écimer tous les sapins qui encadrent la clairière (les seuls sapins de toute la forêt, sur le point culminant du Haut de la Faîte, excellent repère).

    Le téléphone est sous terre; il communique avec nous par des boyaux profonds. Causé avec Arminjon; il a sur lui sa capote, avec une trentaine de trous de shrapnells d'hier. Nous avons beaucoup de connaissance communes à Chambéry. Temps radieux et chaud. Pas de bombardement sur nous; avions français. Nous mangeons, Vittet et moi, avec les conducteurs du T.C. - Reçu carte Debolsky, lettre Bouvier des Échelles.

    10 mai. Une vingtaine d'obus sur nous, vers 5h 1/2; je continue à dormir. L'un est tombé derrière le téléphone, à 30m de nous (obus de 88) Le soir nouveau bombardement de 6 obus au moment où je me lave les pieds dans un tonneau défoncé. Ils tombent à 50 m de notre abri.

    Reçu 5 lettres; <Kyruscur>, Dr Bouvier, Cibaud, William et le Cap. Francillard. - 2 avions français - Le « Lusitania » coulé.

    11 mai. Je vais me promener à la G.G.3 (Sorbiers), celle-là même que j'ai vu organiser le 26 mars sous mes yeux. Deux cerfs ont été tués par Dessaix et Pomel, l'un hier soir, l'autre aujourd'hui. Causé 2 minutes avec Capitaine et repars avec Dumont à travers la forêt (muguets violettes). Le soir, reçu 1 paquet de Girard, 2 journaux illustrés de Suzanne (Suzanne Le Gallic, fille de son beau-frère William), 1 journal de Marie et 1 programme du Concert des Gymnases de Varsovie. 1 lettre en retour, où j'avais oublié de mettre Varsovie. - Je monte aux cuisines, en arrière du G.G.2. - 1 avion est canonné avec fureur par les Allds. Nos avions montrent maintenant une grande activité et maîtrise et audace; ils vont loin en avant des lignes.

    Pendant que je lis le matin dans le bois et que je rentre aux cuisines, terrible duel d'artillerie – les 77 allds tirent à feu rapide entre notre Maison Brûlée et Emberménil; une grosse pièce allemande à tir courbe, tire tout près de nous, sur le même point; les obus passent haut sur nous en sifflant. Enfin les nôtres répondent; les 155 qui sont à côté de nous tirent aussi quelques coups. Je prends le café avec Pinget et Tapponier, Véron et Domenjoud ; Paul Tapponier nous raconte ses conférences contradictoires. Le tir cesse nous redescendons dans le calme du soir, à 3 en causant et cueillant des muguets. Nous rencontrons les docteurs sur la route.

    J'écris un peu, à Koulinitch, à Marie, à Debolsky, au Dr Bouvier. (Koulinitch, Capt Armée russe ; Debolsky Directeur du Lycée (Gymnase) de Kielce ; Ciechonski, Ingénieur. Amis de JD en Pologne . Témoins de mariage, parrains des enfants…) )

     

    12 mai mercredi. Toujours beau temps, avec variations.

    Journée calme, presque pas de coups de canon. Avions français.

    Nos succès dans le Nord continuent (4000 prisonniers, 50 mitraill., canons). L'Amérique en ébullition. Les Russes résistent à l'est de Cracovie.

    Lettre de Marie (40è) et Ciechonski, de Chabert. J'ai commandé un appareil photo à William.

    Les ordres sont donnés le soir pour le départ: Jolivet aux portes de Lunéville. Pas d'obus - peu d'avions.

    Départ de la Forêt pour Jolivet

    13 mai. Je me lève à 4h moins le quart; je boucle mon sac et je le porte à la voiture de ma compagnie, qui vient d'arriver. Je bois le café dans les bois et reviens. Attente des chasseurs du 43è Bataillon qui viennent nous relever. Je fais une promenade sur la route de gauche qui va vers Parroy. Nous faisons une partie de bouchons sur la route; je gagne 11 sous !

    Vers 6h le Commt arrive à bicyclette et nous partons tous les 6 (Vittet, Tapponier, Pinget, Boisier et moi plus le caporal clairon Chevallier). Une auto nous prend dans la forêt et nous amène à Croixmare, par une route bordée de pommiers fleuris, pont sur la Vezouze, vue sur la Neuveville au Bois, Emberménil -Marainviller.

    Les cloches sonnent alentour; C'est l'Ascension.

    C'est la 1ère messe à Croixmare.

    En route par un petit chemin plat vers Chanteheux, Vittet, Chevallier et moi. J'ai du vin blanc dans mon bidon; nous mangeons un morceau, assis sur des herses et charrues. En route le long de la route de la Vezouze, prairies et arbres en fleurs. Des avions s'élèvent de Lunéville ou viennent s'y poser, incessamment.

    Chanteheux: ici seront cantonnés les 18è et 20è Cies - Une fabrique et des maisons incendiées –

    Nous passons le pont qui va vers Champel (où seront les mitrailleurs - Jolis toits rouges).

    Vittet monte en voiture avec Haase du convoi et je reste pour attendre les 3 fourriers qu'on voit arriver sur la gauche. J'envoie Chevallier chercher du vin blanc, du pain et du fromage. Passe Assada à bicyclette. Nous repartons par un sentier à travers la prairie sur la rive droite de la Vezouze.

    Des avions passent à 100 m. de hauteur et se posent. Nous arrivons à Jolivet, au son des cloches de J. et de Lunéville à travers des jardins fleuris. La liaison n'est installée nulle part.

    Je vais aux lettres pour la Cie; point pour moi. La popote ne fonctionne . Tout le monde se chicane. Je vais manger 4 œufs au bureau de Tabac. Le soir à la popote, tout le monde est mécontent. On mange du gigot, de la viande en sauce et du macaroni. Je vais me coucher sur la paille et je dors jusqu'à 7h.

     

    14 mai, vendredi. Il a plu dans la nuit; il fait frais avec des averses. Ma Cie va au bain à Lunéville. Juste de l'autre coté de la rivière, on voit le Champ de Mars et les casernes que nous avons occupées cet hiver.

    Les hangars d'aviation sont dans devant les casernes.

    Il fait du vent et des averses.

    Lettres: Charvin et Pompée. Rien de sensationnel dans les journaux; progrès dans le Nord, progrès aux Dardanelles;

    Les nouvelles russes sont un peu confuses au nord des Carpathes. L'Amérique envoie une note! L'Italie acclame D'Annunzio qui lui prêche la guerre.

    Reçu colis de Mme Labrune; cigares, cigarettes, conserves, etc.

     

    15 mai, samedi. Beau temps - J'ai bien dormi dans un lit assez mauvais. Chambre commune avec adjt Perry Paul (24è Cie). Petite chambre propre.

    Les journaux annoncent continuation de nos succès au nord d'Arras. Prise de tout le bois Le Prêtre. Chûte du ministère Sormino-Salandra. Pas de lettres.

    Le soir, vers 6h, en allant avec Vittet vers le camp d'aviation pour voir atterrissages, après avoir passé pont sur Vezouze; nous rencontrons Colonel Orsat avec petite personne1 en noir; ils viennent à travers les prés, passent le pont; dans le village, il se met à 15 pas en avant. Les hommes voient tout.

    Je demande à Assada confirmation de la prise de Lille par nous ; c'est un bruit. Il pense comme moi que le changement de Ministère, en Italie, ne signifie pas un changement de politique. Intervention certaine. Je lui montre la lettre de Milan.

     

    16 mai, dimanche. Décoration de l'Adjudant de Mitrailleur Verdan.

    Le Régiment se réunit vers Champel; la 23è ne marchant pas, je n'y vais pas. Temps magnifique. Lettre de William et de Mr Molllard, curé de Massingy. Temps splendide. Déjeuner. Saucisson, beurre, mouton, haricots verts, salade, compote de Rhubarbe. Fromage, café cigares.

     

     

    17 mai, lundi. Le matin, vers 10h, je vais porter au Ct Girardin (qui loge avec le colonel) une punition à signer.

    Les plantons m'arrêtent d'un air effrayé, on n'entre pas! Défense d'entrer. Ils me rappellent les gardes du Réghistan à Boukhara! J'entre quand même. L'escalier, la galerie du petit pavillon sont garnies de toiles de tentes (13 toiles, des sapeurs) on dirait le Harem de l'Emir!

    Les Cies vont au bain ou à l'exercice.

    Lettres de William, de Pompée. Reçu hier le 17, lettre de Marie ; elle ne reçoit pas mes lettres (28 avril)

     

    18 mardi. Rien. Le ministère italien va se reconstituer avec Salandra et Sormino.

    Reçu appareil photo. Fait 6 photos. Vu mon neveu Alphonse. [Peut-être: Alphonse Marie Hyacinthe Chatel mari de sa nièce Marie Eugénie Ramaz ]

     

    08*1915: Mai Maixe et les Cinq Tranchées (Forêt de Parroy) / Jolivet19 mai. Marche, manœuvre de régiment. Ferme St Antoine, près Blainville. Départ 6h, pas de soleil. Traversons Lunéville au son des clairons; puis Chaufontaine, Rehainviller; à droite le long de la rive gauche de la Meurthe vers Mont sur Meurthe et Blainville. Sur l'autre rive de la Meurthe, la ligne de chemin de fer, la forêt de Vitrimont. A Mont, nous voyons la cave où la liaison du 5è Bataillon du 230 a été tuée toute entière.

    Avant Mont, plus loin, pont sur la Mortagne et lignes de chemin de fer. Dans le village, plus loin, tombes.

    À la ferme St Antoine, sur la gauche de la route de Mont à Blainville, des tranchées nous servent à faire un exercice d'assaut. À 10h, les clairons sonnent la soupe, amenée par les cuisines roulantes. Je fais 2 photos. Rentrée à Lunéville avec le colonel et tout l'E.M.

    1 lettre de Crédit Lyonnais de Genève- L'Industriel.

     

    20 mai. Aujourd'hui la chambre italienne se réunit. Je me rends compte que les Austro-Allemands ont dépassé Kielce et marchent vers la Vistule depuis la ligne du San. - 1 carte de Mr Callet, commissaire à Chambéry. Promenade avec Vittet. Rencontré Colonel et Girardin.

     

    21 mai. Je remplace le sergent-major à la revue d'armes (réparations). 1 lettre et 1 paquet: cigares, 2 mouchoirs, 1 livre (Renan: Souvenirs d'enfance et de Jeunesse) de M. Chabert, prof à Grenoble.

    - L'Italie a pris position; la chambre et le Sénat ont voté, hier, pleins pouvoirs au gouvernement. Les Allemands ont passé le San. Formidable avance vers Lunberg.

    Le soir, 7 biplans décrivent des cercles sur Lunéville et atterrissent 2 par 2. Un monoplan Morane-Saulnier leur fait suite.

     

    22 mai samedi. Je reçois les 1es épreuves de mes photos.

    Évolutions d'avions. Lettre de Marie, de Georges et d'André.

    Le Cap. Roubertie me donne ses impressions pessimistes sur notre inaction en occident permettant aux Allemands de concentrer leur effort sur le front russe. Si la Russie flanchait, nous serions vite perdus, il croit que l'Italie sera impressionnée et ne marchera pas.

     

    23 mai dimanche. Je prends 3 photos de 4 jeunes filles qui vendent des médailles des défenseurs de Lorraine;1 Alsacienne, 1 Lorraine, la France et la Belgique.

     

    24 mai lundi de Pentecôte. Permission pour Lunéville. J'y trouve Bidal; dîner au Cheval de Bronze après promenade en ville et au jardin.

     

    25 mai. Le matin pendant que ma Cie va au tir, je pars à Lunéville - rencontré Déplante.

     

    26 mai. Reçu photos, 2è séries . Tirage et virage.

     

    28 mai Vendredi. Marche vers Gerbéviller par Lunéville, Xermaménil - Ruines ; 3 ponts- ruines ;

    Soeur Julie3 à la fenêtre. Passage à niveau où Amiguet a été tué, colonel blessé.

    Dans le champ voisin, remise des décorations (croix de guerre pour citation ordre armée).

    Déjeuner sur l'herbe. Le Capitaine offre le vin blanc.

    Photos au passage à niveau et au cimetière (cercueil Amiguet dans chapelle) 9 mois après 28 août.

    [ Combats du 25 au 30 août (Rozelière, Gerbéviller, Haut-Mont, Rehainviller  320 blessés, plus de 10 morts et 185 disparus au 230è R.I

    Capitaine François AMIGUET http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/m005239d5ab67e72/5242bad5c2a87]

     

    09*1915: Mai Maixe et les Cinq Tranchées (Forêt de Parroy) / Jolivet

    29 mai samedi. Manœuvre de cadres à Champel. Un avion alld nous survole après avoir lancé deux bombes sur Lunéville. Un incendie dure 20 min. Vers la Haute-Rappe, nous étudions l'horizon; la côte Desaix, en arrière de Gerbéviller - le fort de Manonviller. Nous voyons les limites de l'invasion d'Août.

    Nos avions vont bombarder Ludwigshafen.

     

    30 mai Dimanche. Soir, arrosage des galons, à la popote de la 24è Compagnie: Goury, Collonge et Hugounenq. Champagne + Bénédictine.

    31 mai Lundi soir, permission à Lunéville. Commissions avec Vittet. Rencontré Cap Chavanel au «Progrès». Rentrés de bonne heure.

     

     

    1 Personnage important ou rencontre personnelle !?


     

    09*1915 Mai

     ( photographe inconnu - 230 ème RI - Photo prêtée )

    au centre Lieutenant Colonel ORSAT commandant du 230 ème RI, à sa gauche  Capitaine Facque su Génie 13/14 (ex Génie7)

    Assis à la droite d'Orsat  "Roubertie" ? -  Debout  derrière Cap Facque, "sous-lieutenant Cattin" ?

     

     Photos ci-dessous prises par Joseph DUCHENE --- Dans un abri et à l’extérieur

     08*1915: Mai Maixe et les Cinq Tranchées (Forêt de Parroy) / Jolivet08*1915: Mai Maixe et les Cinq Tranchées (Forêt de Parroy) / Jolivet






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