• 20B-Avril1917- Bombardements Reims-Révolution-Approche Jour J-

     


    28 mars. On parle d’un nouveau retard du jour J. Je décide de partir à Paris avec Bielozersk.

    29. Départ 7h, neige – forêt de Reims – Épernay – attendons train jusqu’à 2h après-midi –

    Vu passer train Nivelle. Arrivée à Paris 18h30 – dîner coucher

    30.Russo-Asiatique, ambassade russe, consulat - Dîner chez Girard

    31. Achats – Russo-Asiatique – promenade avec Bielozersk. et Melle Tissin ( ?) Aperçu Gal Lochwitzky1 – rencontré Solomko2 – vu de Chevilly, dîné chez lui (il est nommé vice-consul à Seattle) ; vu sa belle-mère et Mme Canet, procureur – son mari est capitaine à l’E.M. 5è Armée à Jonchery (Jonchery-sur-Vesle) – je la reconduis

    Mme de Chevilly me raconte l’affichage du communiqué de 15h au salon de thé des Galeries Lafayette : crème, gâteaux… pantalons, chemises et bas de soie tout bien plus luxueux qu’avant la guerre – parfumerie etc… Les femmes du peuple touchent allocation et travaillent … et s’amusent à dépenser.

    1 Géneral Lokhvitsky chef de la 1ère Brigade russe.

    2Serguei (de) SOLOMKO, artiste-peintre russe de la Belle Epoque résidant en France

    Chevilly m’a dit qu’on tenait pour certain qu’un E.M. anglais avait sauté dans la mairie de Bapaume en même temps que les 2 députés envoyés pour distribuer des secours aux habitants

    De deux sources, russe et française: les soldats russes s’en vont en groupes, avec leur paquet sur l’épaule, voir ce qui se passe au pays !...

    On négocie avec la Bulgarie : la Russie (Milioukoff) et l’Angleterre avec ardeur ; la France suit, mais ne voudrait pas sacrifier la Serbie.

    Les milieux de l’ambassade de Russie sont très déprimés et par suite très pessimistes.

     

    1er avril 1917 – dimanche – pluie – Départ 8h  – Paris – Fère-en-Tardenois – Train omnibus – Déjeuner vers 14h à Fère – pluie, boue, 1 kilomètre sur route boueuse – manqué train de permissionnaires, monté dans un train de munitions – rattrapé permissionnaires à Fismes - Parcs, voies ferrées – camions, entrepôts, villages neigeux, camps…

    Fismes – Jonchery – Muizon à pied jusqu’à Chalon-sur-Vesles (ambulance russe). Champagne et café : banjo et chansons Dr Decroix – auto sanitaire à Merfy - dîner – rien de nouveau

    2 avril. Les réglages de contre-batterie devaient commencer – Temps pas favorable – pluie, averses, giboulées, vent violent

      

    20#-Avril 1917-Bombardements de Reims. Soldats russes et la révolution. Approche du Jour J

     

    2 avril.  Les rapports faits au Général par les commandants de régiments accusent une agitation grave parmi les soldats russes;

    Général inquiet se demande s’il pourra exécuter l’offensive dans ces conditions "Netch" [Netchovoldoff] très pessimiste 

    3 avril – Visite Lieutenant G. polonais1 chez moi avec Bielozersk2

    20B-Avril1917- Bombardements Reims-Révolution-Approche Jour J-Meeting des soldats samedi ; ont demandé éloignement de certains commandants de compagnie : l’un parce qu’en lisant la « prikaz3 » annonçant le nouveau régime, il a dit : « il n’y a plus de Dieu, il n’y a plus de Tsar ; votre Dieu, ce sera moi, et votre Tsar, cette canne ! » - L’autre parce qu’il a promis à ses soldats de les faire exterminer à la 1-ère attaque …

    Le Général va, avec de Broglie4, à Saint Thierry et à Thil, voir les 2 commandants de régiment. "Netch" [Netchovoldoff] a perdu tout contrôle sur lui-même: il dit qu’il ne peut répondre de sa troupe etc…

    D’autre part, de B., en causant avec les chefs de section français, acquiert conviction que les hommes sont prêts à marcher et que ce sont les officiers qui voudraient « couper » à l’offensive …

    Le Général demande une entrevue pour le lendemain au Gal de B5. commandant le 7e C.A

     

    4 avril. 11h. Des délégués des régiments et nos secrétaires, téléphonistes, ordonnances de l’E.M. se forment en carré dans le jardin (voir photo). Ceux qui désirent prêter serment par la bouche du pope sont à gauche, ils répètent après lui, la formule suivante : V.document ci-joint6. Les autres répètent ce serment après le général. Ensuite le général leur adresse un discours.

    Après cela, un sous officier s’approche et demande la parole :

    « Il proteste contre l’assertion du Général qu’il y aurait eu une certaine effervescence dans la brigade. On a du mal renseigner le Général; les troupes n’ont jamais pensé à ne pas attaquer. Il est chargé de déclarer au Général que tous les hommes sont prêts à faire leur devoir … »

    Ensuite signature du serment et distribution du discours du Général pour le communiquer aux camarades.

     

     

     

    La contre-batterie qui devait commencer le 2 avril, se fait à peine entendre. le soir, tout le front est bruyant, sauf chez nous.

    Attaque allemande sur le Godat et la Neuville, dans la boucle du canal (800 prisonniers) coup de main sur le 151 è DI (7 prisonniers) à 3h du matin.

     

    5 avril. Coup de main sur notre saillant du Cantonnier (5 minutes de préparation d’artillerie); nous avons 1 homme disparu, avec son fusil-mitrailleur, 5 blessés.

    Le soir, le Général est contusionné à St Thierry. Contre-batterie commence faiblement.

     

    (neige le matin - beau temps ensuite)

    JMO 89e DIT -CarteJMO 89e DIT -

     

     

     

     

     

    6 avril. Beau temps, avions sans nombre, français.

    Nos grosses pièces de 320 tirent du S. de Muizon ; coup sourd, puis seconde détonation plus faible, mais qui est accompagné d’un souffle ébranlant les portes et les fenêtres.

     

    20#-Avril 1917- Bombardements de Reims... Les soldats russes et la révolution, l'approche du Jour J

    Vers 4 h, nous partons pour faire des achats à Reims avec Automne dans la grosse auto – qui a déjà ses glaces brisées par les bombardements de nuit de Merfy.

    Nous faisons un détour par ordre des gendarmes : on évacue la ville, à cause des bombardements plus intenses (2000 obus par jour) passons devant la cathédrale, arrivons sur la grande place (fontaine) et tournons dans la grande rue à arcades. À ce moment bombardement à 200 mètres de nous, par des gros obus : les boutiques ferment, les gens fuient vers les abris.

    Pour ne pas exposer la voiture, nous filons vers la cathédrale : une jeune fille regarde curieusement éclater les obus. Repassons près de la gare, qui reçoit aussi des obus – en passant, je revois la brasserie où nous sommes venus l’autre jour prendre du café : toute la devanture est enlevée par les obus.

    Traversons le canal en vitesse ; sous le pont du chemin de fer, puis à droite derrière le faubourg –, attendons 10 minutes, puis retour sur Reims.

    Laissons la voiture à l’entrée du faubourg et rentrons à pied dans le faubourg : pendant que nous achetons des œufs dans une baraque en planches, arrivée d’obus, un éclat vient casser les vitres sur nos têtes – le marchand disparaît – nous nous abritons dans un corridor – puis comme le bombardement se rapproche et s’intensifie, pour ne pas exposer la voiture, nous partons avec nos œufs, une boîte de cigares et 5 cartes postales (non payées) – Ravigne nous voit venir, met la voiture en marche, nous montons et nous éloignons.

    Nos grosses pièces tirent - nombreux avions français – une quinzaine de ballons derrière nous – 10 en vue chez l’ennemi.

     

    Rentré à Merfy, Reims brûle ; les Allemands continuent le bombardement de Reims, la Neuvillette, les Cavaliers7 et notre batterie du Marais ( 200 –150).

    La nuit 6 foyers d’incendie dans Reims - La fumée nous parvient.

    1 avion français a descendu un captif allemand à 17h. 

     

    Hier, après déjeuner, le Général  est parti seul à St Thierry désirant aller voir en 1ère ligne ce qui s’est passé au Cantonnier8 dans la nuit. Sur la terrasse du château de St Thierry, 1 obus de 150, tombe près de lui, tue 1 homme, en blesse 6. le Gal reçoit une pierre ou un éclat sur son casque ; il se met à l’abri chez "Netch" [Netchovoldoff]… puis ébranlement cérébral assez violent. - Aujourd’hui, il déjeune dans sa chambre et se lève après déjeuner.

     

    https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Reims_ruines_cloitre_cordeliers_brigade_russe_1917.jpg

     


     

    7 avril - Temps pluvieux et couvert –

    Pas de ballons ni d’avions, notre contre-batterie est suspendue. Reims, déminage.

    À 15h15 violente explosion, nuage de fumée rougeâtre - nos portes et fenêtres, ouvertes et enfoncées par le déplacement d’air. Nous croyons d’abord que c’est dans Merfy ou entre M et St Thierry - Le téléph. Nous apprend que c’est un gros dépôt de torpilles qui a sauté au Chauffour10 : Cap Karakoff blessé, abris près du P.C. démolis.

    Le jour J étant retardé de 2 j. notre départ au P.C. est encore une fois retardé.

    Le soir, Reims a un nouvel incendie ; la cathédrale se profile sur la lueur rouge du foyer.

    Vers Sapigneul (Berry-au-Bac)le 32e C.A continue à lutter pour défendre et reprendre la tête de pont.

    http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/e00527d04c9b3011/527d04ca186cc 

    http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/e005278b22602450/5278b22615340 

     

    20#-Avril 1917 - Bombardements de Reims... Les soldats russes et la révolution, l'approche du Jour J

    - L’Amérique est officiellement en guerre, la Chambre ayant aussi voté pour la guerre, après 3 jours de débats - Document à conserver ; le Message du Président Wilson au Congrès. 

    8 Avril - Dimanche de Pâques. Le temps, d’abord brumeux, devient clair, puis tout à fait splendide. Déjà, avant-midi, les avions commencent à régler nos grosses pièces - Vers 2h, ils recommencent, jusqu’à 19h, l’air est rempli de ronflements et on a sans cesse une dizaine d’avions en vue. L’un des nôtres tombe au Chauffour. Un des aviateurs tués - nombreux ballons captifs chez nous, pas chez les Allemands. Gros éclatements sur Berru.

    Dès 4 h, Reims est violemment bombardé et brûlé: spectacle sinistre; par moments toute la ville disparaît dans la poussière et la fumée.

    Le sous lieutenant Weith, notre aviateur d’infanterie Brigade russe nous dit, qu’avant-hier, les Allemands nous ont descendu, sur le front de la 5eA, 6 avions : 3 avions de chasse, tombés dans les lignes ennemies et 3 biplans dans nos lignes –Les Allds ont sorti de nouveaux appareils qui feraient 25 kil de plus que nos Spad (hispano Suiza) de chasse.

    Le soir, on voit jusqu’à 7 foyers d’incendie dans Reims.

    Le communiqué anglais annonce une activité extraordinaire de l’aviation: ils ont perdu, avant-hier, 28 appareils, mais en ont descendu 48, dont 2 ballons à l’adversaire; ils ont pris 1 700 photos et lancé 8 tonnes d’explosifs….

    J’emballe mes affaires pour déménager demain matin au P.C. de St Thierry -

    Vers 10h du soir, les Allemands font un coup de main sur 151e D.I à l’est des Cavaliers -

    http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/e00527e3cec96a18/527e3cecb4aef

     ( photo : Reims 1917, [la cathédrale] : [photographie de presse] / [Agence Rol] )

      

    9 Avril – Lundi de Pâques. Pluie – boue.

    20#-Avril 1917-Bombardements de Reims. Soldats russes et la révolution. Approche du Jour J

    Nous déménageons au P.C. - Départ à pied, vers 10h : le général, chef E.M Labonne13, de Broglie et moi - Le capitaine Lelong14 est déjà là-bas - Brissoff nous suit. Nous nous installons : Brissoff, le lieutenant Retaille (de la 151e D.I) et moi dans une chambre en face de la salle à manger, à 6 m sous terre. À cause de la pluie, le poële de la cuisine ne tire pas et tout est plein de fumée.

    Le P.C. avec ses 14 chambres en bas et 3 salles en haut (sans compter les abris voisins et la tour blindée en ciment) est estimé 30.000 frs.

    20#-Avril 1917-Bombardements de Reims. Soldats russes et la révolution. Approche du Jour J

     

    Bourrasques de neige éclaircies : le tir de nos batteries est intense – les 75 travaillent à couper les fils de fer. Les calibres plus sérieux (95,120, 155 et 220) font de la destruction. L’artillerie de C.A, d’Armée, et l’A.S.G.P font contre-batterie, tirent sur forts Spins, Brimont, Nogent. (43 obus, dont 40 au but nous dit-on)

    L’ennemi répond peu :cependant un tir d’enfilade de Berru démoli notre 220 - qui déménage. Tir sur Thil.

    Visite fils Izwolsky15

    (Reçu ce matin, avant le départ, 3 lettres : Marie, Georges et André, vœux de Pâques – et lettre Koulinitch)

     

    10= L’artillerie de tranchée commence à tirer. Temps à rafales de neige. L’artillerie ennemie réagit peu sur nous - plus énergiquement vers le Nord. Nous ne voyons pas Reims. Une batterie de tranchée – sur 14 - a souffert : 1 officier, 1 s/of et 4h. tués, des blessés.

    Les Anglais ont attaqué devant Arras et au Sud : 10 000 prisonniers, 100 canons ! Deux divisions de cavalerie. Avancée sur la Scarpe -

    Vers 9h du soir à notre gauche, coup de main sur "le Luxembourg".

     

    11 avril. Depuis 8h30, l'intensité du tir de notre Artillerie augmente jusqu'à 9h. À ce moment, sur toute la ligne d'attaque, le tir sur la 1ere ligne est reporté en arrière et l'infanterie simule une sortie générale.

    Des patrouilles doivent aller, en des points désignés, reconnaître, ou occuper la 1ère ligne allemande.

    Je monte à la tour blindée, les Allemands font barrage de tout le front, en particulier devant le Cantonnier. Les fusils et mitrailleuses allemandes tirent de la 1ère ligne.

    L'Artillerie de tranchée continue à tirer toute la journée. Nos tirs se chiffrent par : 3.849 obus de 75 - 809 de 95 - 1358 de 155 et 4800 pour l'Art. de tranchée-

    - Le soir, on annonce que le jour J est retardé d'un jour. L’état de l'atmosphère ne permet pas aux avions et ballons de sortir, la contre-batterie est très en retard.

     

    12- Continuation de la vie de P.C.- Temps meilleur mais avec vent.

    Soir double barrage.

     

    13- Jour J encore retardé d'un jour - temps clair - avions

    J'accompagne le Gal chez Netchwolodoff - Il tient des propos contre le nouveau gouvernement russe.

     

    14 avril - Samedi Veille de Pâques . Temps beau et clair .

    Les Allemands ne tirent guère - 1 obus sur nous vers 7h du soir - Avions.
    Soir visites : Bielozersk et Riazantseff17 avec Colonels Kriewenko16 et Pietroff.

     

    2 Bieloersk (Georges), Fonction inconnue , interprète comme Joseph ? né en 1871 à Venise , Père noblesse russe ukrainien éditeur en Italie .

    3 « prikaz » directives de soumission à l’autorité du soviet et de ses comités.

    4 Jean Amédée Anatole De Broglie-Lieutenant détaché à L’Etat Major de la base russe

    5 Gal de B = général de Bazelaire ? (chef du 7 è CA à cette période )

    6 Document non retrouvé – par contre la photo semble correspondre.

    7 Les Cavaliers de Courcy , Lieu de combat

    8 Lieu de combat

    10 Bois de Chauffour

    11Veith

    13Labonne a été chef d'Etat Major de Lokhvitsky – ( Consul suppléant à Moscou Sept 1917 )

    14Lelong  (Albert), capitaine breveté de l'état major de la première brigade russe http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6367334k/f4.image.r=lelong

    15M. Iswolsky = ambassadeur de Russie en France

    16 Membre Mission russe

    17Riazansteff (Nikiphore), lieutenant-colonel de l'etat-major de la 1ère brigade russe : intendant de la brigade

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